500 artistes latino-américains soutiennent le boycott culturel d’Israël
Ces artistes s’engagent à ne pas se produire en Israël et à ne recevoir aucun financement de ce pays tant qu’il ne se remplira pas son obligation de respecter les droits des Palestiniens.
13 avril 2018
500 artistes latino-américains avec la Palestine.
Alors que les soldats israéliens continuent leur offensive violente contre les Palestiniens de Gaza (la mort d’Abdullah Mohammed al-Shuhri, 28 ans, et celle de Mohammed Abu Hajeela, 31 ans, ont dernièrement porté à 34 le nombre de Palestiniens tués lors des manifestations de Gaza), un grand silence a accueilli cette situation, notamment de la part des milieux politiques et des organisations internationales. Cependant, le 14 avril, une lettre signée par 500 artistes latino-américains a été publiée par la campagne pour le boycott d’Israël impulsée par les Palestiniens. Ces artistes s’engagent dans cette lettre à ne pas se produire en Israël, à ne pas y exposer, à ne pas recevoir de financement israélien tant que ce pays n’aura pas rempli son obligation de respecter les droits humains des Palestiniens. Les poètes, peintres, rappeurs, directeurs de théâtres, cinéastes, acteurs, écrivains, et musiciens qui ont dit Non aux violations des droits humains commises par Israël viennent de 17 pays d’Amérique latine.
Parmi les artistes connus qui soutiennent cet appel au boycott culturel, citons l’auteure chilienne Lina Meruane, le photographe colombien Jesús Abad Colorado, le rapper argentin Daniel Devita, le groupe colombien Doctor Krápula, l’écrivain chilien Carlos Labbé, le caricaturiste brésilien Carlos Latuff, l’acteur colombien Álvaro Rodríguez et la directrice de théâtre colombienne Patricia Ariza.
Les artistes latino-américains dénoncent le fait qu’“Israël utilise la culture pour se présenter au monde comme une démocratie libérale normale, dont la vie culturelle dynamique intègre les Palestiniens comme les Israéliens. En réalité, Israël viole les droits culturels des Palestiniens par la destruction de théâtres, la fermeture de centres culturels, et l’arrestation d’artistes. Par ailleurs, les actions israéliennes qui touchent toute la population palestinienne, des restrictions de la liberté de mouvement jusqu’aux bombardements de Gaza, limitent aussi la capacité des Palestiniens à avoir une pratique artistique ou à apprécier l’art.”
Le boycott culturel d’Israël
La Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI), lancée en 2004, a stimulé la campagne générale de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) envers Israël, engagée en 2005. Cependant, PACBI se centre sur les universitaires et les travailleurs et travailleuses de la culture, mettant en lumière les modalités particulières par lesquelles Israël perpétue et normalise ses violations des droits humains des Palestiniens et son occupation militaire de la Cisjordanie, entre autres aspects, au moyen de ses institutions culturelles et universitaires : “Les institutions universitaires israéliennes (la plupart contrôlées par l’État) et la majorité des intellectuels et universitaires israéliens contribuent directement au maintien, à la défense et à la justification des formes d’oppression décrites ci-dessus ou s’en rendent complices par leur silence”.
Depuis 2004, PACBI exhorte les universitaires et les travailleurs et travailleuses de la culture à “boycotter toutes les institutions universitaires et culturelles israéliennes, afin de contribuer à la lutte pour mettre fin à l’occupation israélienne, à la colonisation et au système d’apartheid, en adoptant les pratiques suivantes :”
- s’abstenir de toute participation, sous quelque forme que ce soit, à la coopération universitaire et culturelle, à des collaborations ou des projets communs en partenariat avec les institutions israéliennes,
- plaider en faveur du boycott complet des institutions israéliennes aux niveaux national et international, y compris la suspension de toute forme de financement et de subvention de ces institutions,
- encourager les désinvestissements et le désengagement vis-à-vis d’Israël de la part des institutions universitaires internationales,
- œuvrer en faveur de la condamnation de la politique d’Israël en incitant les associations et des organisations universitaires, professionnelles ou culturelles, à adopter des résolutions,
- soutenir directement les institutions universitaires et culturelles palestiniennes sans faire de leur éventuel partenariat avec leurs homologues israéliens une condition implicite ou explicite de ce soutien.
L’appel de PACBI a été suivi par de nombreuses personnalités artistiques et intellectuelles, notamment Roger Waters, feu Stephen Hawking, Lauryn Hill et Chuck D. En 2010, à la suite de l’“Opération Plomb durci”, au cours de laquelle l’armée israélienne a tué plus de 1 400 Palestiniens à Gaza, des artistes de Montréal ont lancé “500 Artistes contre l’apartheid”, se joignant “au mouvement international contre l’apartheid israélien. Dans les rues, dans les salles de concert, en mots et en chansons, les artistes s’engagent à lutter contre l’apartheid et à inciter d’autres artistes et producteurs culturels à travers le pays et autour du monde à se joindre à ce mouvement.”
Des campagnes similaires ont eu lieu au Royaume-Uni, en Irlande, en Afrique du Sud, en Suisse, au Liban, et aux États-Unis.
Dans le monde entier, dans différents secteurs de la société, des femmes et des hommes se lèvent pour dire non à l’apartheid, au colonialisme et au génocide israéliens, et rejoignent et soutiennent la résistance pleine de dignité du peuple palestinien.
Traduction SM pour AURDIP