#IsraelOutOfAU (Israël hors de l’UA) – Une lettre ouverte aux dirigeants de l’Union Africaine
Voir en fin de la lettre ouverte du BNC : l’Appel des associations de la société civile sénégalaise .
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OPEN LETTER
29 septembre – BNC : Comité National Palestinien du BDS
Par une lettre ouverte, le BNC en appelle aux pays membres de l’UA pour qu’ils rejettent la demande d’Israël d’avoir le statut d’observateur sans hésitation à la prochaine réunion du conseil exécutif, sur la base de nos valeurs communes de liberté, justice, égalité et autodétermination.
Le comité national palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BNC), la plus large coalition de la société civile palestinienne qui représente les Palestiniens des Territoires Occupés, à l’intérieur de la ligne verte et en exil, exprime sa gratitude à tous les individus, organisations et États de toute l’Afrique qui se sont manifesté publiquement au cours des dernières semaines contre le fait qu’Israël ait le statut d’observateur à l’Union Africaine.
Nous faisons appel à ceux qui hésitent encore à prendre position pour qu’ils se joignent aux efforts croissants pour maintenir Israël hors de l’Union Africaine.
La lutte contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid est indivisible
Comme beaucoup d’entre vous, nous avons été choqués d’entendre que le 22 juillet, le président de la commission de l’Union Africaine (UA), son excellence Moussa Faki Mahamat, avait annoncé, sans aucune consultation préalable des pays membres, qu’il avait accepté les lettres de créance d’Israël en tant qu’État observateur à l’Union Africaine. Nous avons hâte d’être à la réunion du Conseil Exécutif de l’Union Africaine du 13 au 15 octobre, confiants que les États membres corrigeront ce tort.
L’Union Africaine et ce qui l’a précédée, l’Organisation de l’Unité Africaine, ont historiquement été un des alliés les plus importants du peuple palestinien dans sa lutte pour l’autodétermination. Cette alliance a été bâtie sur l’expérience partagée des luttes contre le colonialisme, l’apartheid et le racisme. Vos victoires dans la quête d’indépendance et de la fin du fléau de l’apartheid reste pour nous une source d’inspiration et d’espoir. Nous avons appris de vous que les boycotts, les désinvestissements et les sanctions, dont un embargo militaire, sont des outils essentiels dans le combat contre l’apartheid.
Les principes et valeurs ancrés dans le document fondateur de l’Union Africaine et dans la charte africaine sur les droits humains et les droits des peuples, dont l’élimination de toutes formes de colonialisme, de néo-colonialisme, d’apartheid et la promotion de la dignité humaine, sont la base de notre lien et de notre coopération.
Ce sont ces principes et ces droits qu’Israël viole systématiquement avec son occupation et sa colonisation permanentes de notre terre et avec sa version 21ème siècle de l’apartheid.
Il y a exactement 20 ans, pendant la Conférence Mondiale de Durban contre le Racisme, la société civile mondiale a dénoncé le régime d’Israël comme régime d’apartheid. Suite à cela, le Comité des Nations Unies pour l’Élimination de la Discrimination Raciale (CEDR) a régulièrement dénoncé la politiques d’Israël de discrimination raciale et d’apartheid et, en 2012, il a exhorté Israël à interdire et à éradiquer les politiques et pratiques qui « affectent gravement et de façon disproportionnée la population palestinienne ».
Les études de 2009 du Conseil de recherches en sciences humaines d’Afrique du Sud , l’étude de 2017 de la commission économique et sociale de de l’ONU pour l’Asie occidentale (CESAO), les rapports de 2021 de B’Tselem, une organisation israélienne de premier plan pour les droits humains, et de Human Rights Watch ont toutes confirmé que le régime israélien imposé au peuple autochtone de Palestine est de l’apartheid. En 2020, dix anciens présidents et plus de 700 membres du Parlement, des diplomates et des personnalités culturelles d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine ont réclamé une enquête de l’ONU sur l’apartheid israélien en vue de sanctions juridiques ciblées.
Nous avons été reconnaissants à l’Union Africaine d’avoir rejeté de précédentes demandes d’Israël d’être formellement associé à l’UA sur la base du fait que ce serait une violation des principes de l’organisation. Nous voulons rappeler à l’UA et aux États membres que la politique israélienne et les crimes contre notre peuple n’ont pas changé mais s’aggravent de jour en jour.
En mai, Israël a effectué de nouveaux bombardements de grande ampleur détruisant encore plus la bande de Gaza assiégée et appauvrie, tandis que les attaques sans répit sur les Palestiniens pour les expulser de Jérusalem et leur empêcher l’accès à leurs sites sacrés, se poursuivent dans relâche. La répression cruelle des Palestiniens rappelle la brutalité perpétrée par les anciens régimes coloniaux contre les luttes africaines de libération. Un cadre juridique et le gouvernement militaire à l’œuvre veillent à ce que les Palestiniens se voient refuser leurs droits fondamentaux dans toutes les sphères de la vie.
La politique raciste d’Israël vise aussi les migrants africains et les demandeurs d’asile. Ayelet Shaked, la ministre israélienne de l’intérieur, a annoncé dès sa prise de poste une série de mesures politiques racistes visant les droits des migrants africains et l’expulsion forcée de nombre d’entre eux. Elle a précédemment appelé les migrants “une occupation africaine rampante », tandis qu’un de ses collègues ministres du gouvernement les avait à ce moment-là traités de ““cancer” et qu’un autre ministre leur rappelait que « ce pays nous appartient, à l’homme blanc ».
Rappelant les mots de Nelson Mandela disant que « nous ne savons que trop que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens », nous faisons appel à tous les pays membres de l’UA pour qu’ils rejettent la demande d’Israël d’avoir le statut d’observateur sans hésitation à la prochaine réunion du Conseil Exécutif, sur la base de nos valeurs communes de liberté, de justice, d’égalité et d’autodétermination.
Nous espérons au contraire que l’UA puisse s’engager à promouvoir des enquêtes sur le régime d’apartheid d’Israël envers le peuple palestinien dans son ensemble ainsi que sur la responsabilité criminelle associée étatique et individuelle, soit à travers ses propres mécanismes et/ou par la reconstitution de mécanismes anti-apartheid de l’ONU afin de mettre fin à l’apartheid au 21ème siècle.
Traduction SF pour BDS France
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SOLIDARITE SENEGAL-PALESTINE
Déclaration : Non à un statut de membre observateur pour Israël au sein de l’Union Africaine !
En annonçant le 22 juillet dernier son acceptation des lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël, le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Moussa Faki Mahamat, a laissé sous-entendre, comme un fait accompli, une décision d’admission à l’UA de l’Etat sioniste en qualité de membre observateur. Une telle disposition, si elle venait à être entérinée à l’occasion du prochain Conseil Exécutif de l’UA, prévu à la mi-octobre, serait en contradiction flagrante avec l’Acte constitutif de l’Union, ainsi qu’avec la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et, plus généralement, avec les intérêts supérieurs bien compris du continent africain tout entier. D’ores et déjà quelque 23 pays africains, l’Algérie, L’Egypte, l’Afrique du Sud, plusieurs pays de la SADC et de la Ligue arabe, entre autres, se sont publiquement démarqués d’une telle perspective. Rappelons que l’Acte constitutif de l’UA tout comme la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, dans leurs préambules comme dans plusieurs de leurs articles, condamnent le colonialisme, le néocolonialisme, l’apartheid, la domination sous toutes ses formes, et affirment le droit des peuples colonisés ou opprimés à lutter pour leur libération.
Israël prétend vouloir se rapprocher des pays africains pour mieux les aider à travers des programmes de coopération, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité, des technologies nouvelles et des télécommunications. Il cherche en vérité à étendre son influence en Afrique et, du même coup, à isoler l’Etat de Palestine, en lui ôtant toute possibilité de base arrière sur le continent. Mais peut-on décemment, au nom de prétendus avantages économiques, se livrer à du waxaale (marchandage) sur le dos de la liberté du peuple palestinien surtout si, à la suite du Président Nelson Mandela, « nous savons tous très bien que la liberté de l’Afrique ne sera jamais complète sans celle des Palestiniens » ? Comment un pays qui prône en actes la colonisation, l’apartheid, le terrorisme d’Etat, la violation flagrante et constante des Résolutions des Nations Unies sur la Palestine, de 1947 à nos jours, qui se livre à des crimes contre l’humanité et nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, peut-il se voir octroyer aujourd’hui le statut de membre observateur de l’UA, lequel lui a été refusé depuis 2002 ? La seule attitude qui vaille c’est, conformément à la tradition de l’UA, de decider, par consensus, de ne pas admettre Israel en tant que membre observateur.
La diplomatie sénégalaise est hautement interpellée. En effet, notre pays, qui devra d’ailleurs assurer la présidence tournante de l’UA au début de l’année prochaine, ne saurait admettre que, sous son magistère, soit consacrée la decision sinistre et infamante de voir l’Etat sioniste d’Israël plastronner impunément aux côtés des autres pays du continent. Le Sénégal a su assez tôt entretenir une relation historique de solidarité avec la cause palestinienne. « Les liens entre les deux peuples sont d’ailleurs antérieurs à l’indépendance du Sénégal », souligne l’Ambassadeur de l’Etat de Palestine au Sénégal, Son Excellence le frère Safwat Ibraghith, qui évoque le passage d’Elhadji Oumar Foutiyou Tall par la Palestine, il y a plus de 200 ans, sur la route du Grand Pèlerinage ; ou encore la visite en Palestine, en 1954, de Cheikh Al Islam Cheikh Ibrahim Niasse qui avait noué des liens institutionnels avec le grand mufti de la Palestine Haj Amine el Husseini, lequel lui avait demandé de diriger la prière à la mosquée Al Qods. Toutes les familles religieuses du Sénégal ont toujours soutenu la cause palestinienne. Sans oublier, ajoute l’Ambassadeur, que Léopold Sédar Senghor est l’un des tout premiers présidents subsahariens à avoir délivré un passeport diplomatique à Yasser Arafat dans les années 70 et à l’avoir accueilli en 1977, en sa qualité de Chef de l’OLP. Sous la présidence d’Abdou Diouf, le Sénégal est aussi l’un des premiers pays au monde à reconnaître le nouvel Etat de Palestine dès 1989. Cette position n’a pas varié sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Plus récemment, en décembre 2016, l’Etat du Sénégal sous l’autorité du président Macky Sall, a parrainé avec la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et le Venezuela, la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. Comme mesure de rétorsion, Israël n’avait pas hésité à rappeler son Ambassadeur pour consultation et à suspendre certains de ses programmes de coopération avec notre pays!
Le Sénégal, nous ne le soulignerons jamais assez, est le seul pays au monde à présider sans interruption, depuis 1975, le Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, responsabilité qui doit le pousser à toujours faire plus que tous les autres, que ce soit dans le cadre de ses relations bilatérales, ou au sein de la CEDEAO, de l’UA, de l’OCI, de l’ONU et autres instances internationales. Le Sénégal est interpellé, toute l’Afrique est interpellée. N’avait- il pas fallu le contexte agité des luttes opiniâtres du peuple togolais contre le pouvoir en place pour empêcher la tenue d’un honteux Sommet Afrique –Israël prévu à Lomé en octobre 2017 ?
Il est donc temps de renforcer nos capacités d’organisation et de mobilisation pour la multiplication de manifestations de masse diversifiées, la promotion du mouvement BDS (Boycott-Désinvestissements-Sanctions), le déploiement de campagnes plus fortes de protestation et de dénonciation contre les menées criminelles d’Israël en terre de Palestine occupée. Les mouvements citoyens, les syndicats et autres mouvements sociaux, les partis politiques, les associations religieuses, les organisations démocratiques et de protection des droits humains, les parlements, les collectivités territoriales ainsi que les personnalités indépendantes, se doivent de renforcer leur coordination et leur mobilisation au Sénégal, comme dans les pays frères de la sous-région et plus largement en Afrique, pour édifier ensemble une Plateforme ou un solide Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine, dans le but d’apporter un soutien plus déterminant à la cause et à la résistance du peuple palestinien martyr. A nos yeux, la victoire finale passera, de façon incontournable, par l’établissement de l’Etat de Palestine indépendant et viable, libre et démocratique, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem Est comme capitale.
Non à un statut de membre observateur pour Israël au sein de l’Union Africaine !
Palestine vaincra !
Fait à Dakar le 29 septembre 2021
Signataires :
ORGANISATIONS :
1-Amnesty International /Section Sénégal
2-Forum Social Sénégalais
3-Collectif de Solidarité Sénégal-Palestine
4-ARCADE
5-FRAP
6- PALAE
7- Confédération des Syndicats Autonomes du Sénégal /CSA
8-Campagne Sénégalaise pour le Défense d’Al Qods et la Palestine
9- RADDHO
10 Réseau Siggil Jigeen
- Rapport Alternatif sur l’Afrique (RASA)
- IRA THINK THANK
- Toi du Monde Sénégal
- OSIDEA
- Alliance Sahélo Golf pour le Développement (Alisgold)
- Y EN A MARRE
- Plateforme des Acteurs non Etatiques (ANE)
- Afrikajom Center
- COSEF
- Dialogue Citoyen pour la Consolidation de la Démocratie et la Paix
- Handicap FormEduC (HFE)
- ONG 3D
- Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme / LSDH
- CNTS / FC
PERSONNALITES
-Cheikh Ahmet Saloum DIENG/ Forum Islamique pour la Paix
-Alla KANE, ancien inspecteur des impôts
-Thierno DIOP, Enseignant chercheur en sociologie politique et en philosophie
-Babacar SAMB, ancien Ambassadeur en Egypte
-Dalal El Ali, militante de la cause palestinienne