Fondation Frantz Fanon : Gaza ; un génocide à bas bruit…
#Gaza ; un génocide à bas bruit…
Les immeubles tombent les uns après les autres, les corps sombrent sous les gravats, d’autres sont blessés à vie ; pour ceux qui connaissent Gaza, les images sont implacables.
Les bombardements systématiques, pratiqués sur une grande échelle, de manière intentionnelle -les déclarations de Netanyahou et du ministre de la défense sont autant d’avertissements que la solution finale a été planifiée contre l’ensemble de la population palestinienne de Gaza – ce qui relève de la définition du génocide adoptée par les Nations Unies -article 2 ; Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide .
Face à ce génocide se déroulant sous nos yeux, la violence aveugle des images, chaque jour, monte d’un cran ; l’Etat colonisateur justifie cette barbarie gratuite par le droit de se défendre et de libérer les otages. Cet Etat est au-delà de cela.
Face à l’attaque du 7 octobre, la réponse réside-t-elle dans une action provoquant plus de morts que le nombre de personnes ayant perdu la vie ce même jour ? Et surtout, que signifie cette interprétation de la loi du Talion ?
Une question lancinante crève notre entendement : des vies valent-elles plus que d’autres ? C’est en tout cas ce que veulent faire croire tous les Etats soutenant l’Etat d’Israël en train de commettre un génocide en toute tranquillité !
Cela n’est pas nouveau, des millions d’Africains ont été mis en esclavage, avec bien peu de voix pour dénoncer et le crime contre l’humanité et le crime de génocide contre les populations indigènes ; les Africains d’Afrique du sud ont vécu pendant des décennies le crime d’apartheid dans un silence assourdissant et toujours avec peu de voix le dénonçant ; les migrants s’écrasent devant les murs dressés par les pays occidentaux ou se noient dans l’Atlantique ou dans la Méditerranée sans que la majorité des Etats et des peuples se lèvent contre ce crime organisé ; et l’on pourrait continuer la liste sans fin des crimes contre l’humanité ou de génocide -Soudan, République démocratique du Congo, Colombie avec une guerre civile de près de 60 ans….- commis au nom d’un droit international et d’un droit international humanitaire à géométrie variable interprété par ceux détenant la puissance des armes et le droit de vie ou de mort sur les corps qu’ils choisissent.
Si la Charte des Nations Unies reconnait à l’Etat agressé de se défendre (article 51), elle ne lui reconnait pas le droit d’utiliser une force disproportionnée, ainsi qu’en fait usage actuellement l’Etat colonisateur. Le principe de proportionnalité introduit le fait qu’une action ne doit pas être plus dévastatrice que les dommages déjà subis. Il doit y avoir une proportionnalité entre les buts et les moyens utilisés. En fait Israël ne devrait pas, au regard du droit humanitaire international, répondre par plus de violence, par une violence assumée meurtrière, à moins que cet Etat n’ait décidé de bafouer, en pleine conscience et avec arrogance, le droit et ses principes éthiques et philosophiques, surtout s’il se sent soutenu par ses amis et par tous ceux qui craignent de déplaire à l’Empire.
Dans sa riposte, l’Etat d’Israël a fait le choix de l’action illicite en violant le principe de proportionnalité et en agissant en toute illégalité puisqu’il ne respecte aucun équilibre entre l’objectif, sauver les otages, et les moyens disproportionnés, réduire l’espace habitable pour les Palestiniens de Gaza tout en réussissant à en éliminer le plus possible, au prétexte d’en finir avec le Hamas.
Dans ses bases de données de droit international humanitaire, le CICR -Comité international de la croix rouge- souligne que le principe de proportionnalité, dans le cadre de conflits non internationaux, est « inhérent au principe d’humanité ». Il a non seulement été ajouté au Protocole II à la Convention sur les armes classiques (Protocole II à la Convention sur les armes classiques, tel qu’il a été modifié (1996), art. 3, par. 8 c) (cité dans vol. II, ch. 4, par. 4) « mais il figure aussi dans des manuels militaires qui sont applicables ou qui ont été appliqués dans des conflits armés non internationaux » (Voir, p. ex., les manuels militaires de l’Afrique du Sud (ibid., par. 38), de l’Allemagne (ibid., par. 25-26), du Bénin (ibid., par. 16), du Canada (ibid., par. 19), de la Colombie (ibid., par. 20), de la Croatie (ibid., par. 21), de l’Équateur (ibid., par. 22), du Kenya (ibid., par. 31), de Madagascar (ibid., par. 32), du Nigéria (ibid., par. 35), des Philippines (ibid., par. 37) et du Togo (ibid., par. 42 ; cité dans les bases de données de droit international).
Pourquoi dès lors les bons amis de cet Etat génocidaire ne lui rappellent-ils pas le principe de proportionnalité et l’obligation de respecter le principe d’humanité ? Certaines vies valent elles plus que d’autres ?
Cette question lancinante taraude et dans le monde actuel toute décision prise pour sauvegarder le système capitaliste raciste et libéral prouve que les corps noirs et arabes valent moins que d’autres, et surtout que tous les corps racisés ne valent rien face aux corps blancs défendus par la white supremacy qui a pris comme ennemi fondamental l’Islam et tous ceux s’en réclamant ou défendant le droit de la Palestine à résister à l’occupation illégale depuis 1948 et à la colonisation, contraire aux principes portés par la IV Convention de Genève et par ses protocoles additionnels.
Qui prononcera le nom des absents, tués par l’armée de la colonisation, uniquement pour se venger des 1 400 morts infligés par une attaque des dominés et colonisés, ayant pour seul droit de vivre et mourir dans une prison à ciel ouvert dans laquelle ne rentre que ce qui a été investigué et sélectionné par l’occupant ?
Qui prononcera leur nom ?
Qui regardera leur photo ?
Qui demandera justice ?
Qui rendra la dignité à ces morts assassinés comme de vulgaires brigands ?
En réclamant un cessez-le feu immédiat, en demandant à la Cour pénale internationale de se saisir, dans les meilleurs délais de ce crime de génocide, ceux qui se mobilisent pour le droit de la Palestine à résister à l’occupation illégale et à la colonisation portent un peu de la dignité humaine que ce système hors la loi cherche, par tous les moyens, à détruire pour mieux dominer. Il reste encore des personnes humaines préférant renoncer à leur poste afin de ne pas être complice d’un génocide annoncé, ainsi de Craig Mokhiber, directeur du bureau de New York du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a quitté son poste pour protester contre le fait que les Nations Unies «manquent à leur devoir d’empêcher ce qu’il qualifie de génocide des civils palestiniens à Gaza sous les bombardements israéliens» et cite les Etats-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l’Europe comme « totalement complices de cet horrible assaut ».
Ceci oblige à hurler « Cessez le feu immédiat », « Cessez d’assassiner un peuple », « Arrêtez le massacre ! », « ONU, complice d’un massacre » !
Il n’est plus temps de s’indigner, il est temps de résister et de soutenir le peuple palestinien assassiné sous nos yeux. La resistance palestinienne triomphera !
Mireille Fanon Mendes France
Fondation Frantz Fanon
Ex UN Expert