Les palestiniens de 48 contre l’apartheid et le nettoyage ethnique
– Invasion sioniste du Naqab palestinien : Umm al-Hiran démoli
Par Fadwa Nassar
– Le langage d’un “État juif” : la violence
Jonathan Cook – Charleroi-Palestine – 19 janvier 2017
20 janvier 2017
Invasion sioniste du Naqab palestinien : Umm al-Hiran démoli
Par Fadwa Nassar
19.01.2017 – L’invasion sioniste de la Palestine ne s’est pas arrêtée depuis le début du vingtième siècle. Des colons, européens pour la plupart, s’arrogent le droit de coloniser une terre où vit un peuple depuis des millénaires. Ces colons venus d’Europe, animés d’une idéologie raciste et négationniste (le sionisme, de gauche ou de droite, extrémiste ou modéré), ont fondé leur colonie de peuplement après avoir massacré et expulsé les Palestiniens. Ils furent aidés, soutenus et encouragés par toute la clique impérialiste de l’époque, l’Europe occidentale et orientale, les États-Unis et leurs Etats vassaux dans le monde. En 1948, le plus grand crime de l’histoire contemporaine fut commis par la création d’une entité coloniale sur la terre de Palestine, entité devant empêcher l’épanouissement des peuples arabes de la région, et leur unité, faciliter le pillage de leurs richesses et les installer sous une menace permanente.
Depuis, les sionistes n’ont cessé de commettre des massacres et d’essayer de supprimer et d’expulser les Palestiniens restés malgré tout dans leur pays. C’est en partie l’histoire de la région du Naqab, large zone semi-désertique de la Palestine, occupée en 1948 par les hordes coloniales. Placée sous le régime militaire comme le reste des régions demeurées à majorité palestinienne, le couvre-feu et les arrestations arbitraires, la population du Naqab fut déplacée selon le gré des colons, ou selon leurs stratégies du moment : regroupement par-ci, démantèlement par là. Des tribus furent déplacées vers la région d’al-Quds, d’autres vers les villes d’al-Lid et de Ramla, occupées également, d’autres vers l’Égypte, la Jordanie ou vers la bande de Gaza.
Alors que les cartes géographiques datant d’avant 1948 montrent de larges zones cultivées, les envahisseurs sionistes ont prétendu que la région du Naqab n’était peuplée que par des nomades qui vivaient de pâturages. Dire « nomade » signifie pour les colonisateurs une population apte à être déplacée, n’étant pas enracinée dans la terre. Mais, de plus, non seulement les bédouins du Naqab n’étaient pas des nomades permanents, mais ils possédaient des milliers de dunums de terres que les sionistes ont raflés, sous des prétextes divers. Aujourd’hui encore, la population palestinienne du Naqab essaie de récupérer ses terres en passant par les tribunaux de l’occupation. Mais il va sans dire que ces tribunaux sont juste une façade qui cache la véritable nature colonisatrice et négationniste du sionisme.
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Umm al-Hiran, dont la cour sioniste a officiellement approuvé la destruction en mai 2015, après de nombreuses années de lutte acharnée de ses habitants devant les tribunaux de l’occupation.
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Le langage d’un “État juif” : la violence
Jonathan Cook – Charleroi-Palestine – 19 janvier 2017
Cette photographie prise par Keren Manor est un nouveau témoignage de la situation des Palestiniens – ceux parmi eux qui sont citoyens d’Israël – plus éloquent que tous les mots. L’homme qui git à terre est Ayman Odeh, membre du parlement israélien, qui est à la tête de la “liste conjointe”, le troisième plus important groupe parlementaire à la Knesset, et l’homme politique palestinien ayant le plus haut rang en Israël.
La police israélienne vient de lui tirer dessus avec des balles enrobées de caoutchouc [1], non pas une fois mais deux fois – y compris à la face. Odeh est l’un des hommes politiques les moins enclins à l’affrontement, parmi l’importante minorité palestinienne d’Israël, qui représente un cinquième de la population. Le message qui est le sien est constamment en faveur de la paix et de l’amitié entre tous les citoyens israéliens, qu’ils soient Juifs ou Palestiniens. Cela ne semble pas lui avoir valu la moindre protection contre la doctrine du “tirer d’abord – discuter ensuite” qui est celle des forces de sécurité israélienne vis-à-vis des Palestiniens.
Cette image devrait être perçue comme aussi choquante que le serait celle d’un Bernie Sanders ou d’un Jeremy Corbin ensanglanté et rampant dans la poussière, sous le regard impassible de policiers étatsuniens ou britanniques.*
Le nettoyage ethnique continue
Le contexte est également important.
Odeh s’était joint au millier d’habitants de Umm al-Hiran – tous citoyens d’Israël – aux premières heures de la matinée de mercredi, pour une manifestation afin d’arrêter les équipes de démolition de 150 habitations de leur village situé dans le Negev. Dans les années 1950, Israël avait autorisé ces familles à s’établir dans la zone de Umm al-Hiran, après les avoir chassées durant la Nakba des terres, beaucoup plus fertiles, où elles étaient initialement établies. Le prétexte invoqué à l’époque pour les chasser des terres de leurs ancêtres était qu’Israël en avait besoin pour installer un kibboutz exclusivement juif.
Tout ceci s’est produit sous le régime de la loi martiale qu’Israël a imposé à ses citoyens palestiniens pendant près de deux décennies. Plus de 60 ans plus tard, exactement le même scénario se reproduit, mais cette fois cela se passe devant des caméras. Umm al-Hiran est détruit afin qu’une communauté exclusivement juive, qui conservera le nom de Hiran, puisse être construite sur les ruines des maisons de ces familles.
Israël n’a jamais inscrit Umm al-Hiran dans un plan d’aménagement du territoire, de sorte que maintenant la localité peut être déclarée “illégale” et ses habitants considérés comme des “squatteurs” et des “intrus”. Ces familles sont donc, pour la deuxième fois, la cible d’un nettoyage ethnique, non pas en période de guerre, mais en temps de paix et par leur propre État*.
Et elles sont loin d’être les seules. Des milliers d’autres familles, et leurs villages, subissent le même sort.
La vérité, c’est que rien n’a changé depuis les années 1950. Israël continue à se conduire comme si la loi martiale s’imposait toujours à ses citoyens palestiniens. C’est toujours un “État juif”, c’est-à-dire un État où les droits des Juifs prévalent toujours face à ceux qui Palestiniens, théoriquement eux aussi “citoyens”. Et il traite toujours les non-Juifs comme une menace, comme un ennemi.
Israël n’est pas un État normal. C’est une ethnocratie, et elle est dirigée par une variante du nationalisme ethnique qui a déchiré l’Europe il y a un siècle.
Ayman Odeh est un leader qui fait campagne pour la paix et l’égalité entre les citoyens Juifs et Palestiniens. Aujourd’hui, il a reçu la réponse [de l’État juif]. La place qui lui est réservée est d’être meurtri, ensanglanté et brisé, rampant dans la poussière. Tel est le langage d’un “État juif”.
Jonathan Cook
Cet article a été publié par Jonathan Cook sur son blog le 18 janvier 2017. Traduction : Luc Delval.
http://www.pourlapalestine.be/le-langage-dun-etat-juif-la-violence/