Des musicien·ne·s appellent au boycott du « Festival de l’Oud » sioniste à Jérusalem occupée
Nov 24, 2021
Initié par Masar Badil, cet appel vise à exiger le boycott total du Festival israélien de l’Oud à Jérusalem occupée. Il est déjà signé par plus de 110 artistes à travers le monde dont des joueurs de oud de renommée internationale comme Ahmad Al Khatib et Amal Waqar, et des artistes tels que Kamilya Jubran, Tamer Abu Ghazaleh et Roger Waters. Les artistes sont invité·e·s à ajouter leur nom à la liste ci-dessous en envoyant un courriel à l’une des deux adresses suivantes : oudboycott@masarbadil.org ou letpalestinesing@gmail.com.
Déclaration en faveur du boycott du Festival sioniste de l’Oud à Jérusalem occupée
Nous, soussignés musiciens palestinien·ne·s et internationaux, nous appelons à un boycott total du Festival israélien de l’Oud, désormais annuel, à Jérusalem occupée et nous prenons position contre la normalisation des relations avec un régime qui cherche à coloniser dans sa totalité la capitale de la Palestine.
L’oud, cet instrument à cordes par excellence de la culture musicale palestinienne et arabe en général, est en train d’être approprié par un État sioniste dont l’histoire s’appuie sur l’effacement et le vol des moyens de subsistance des autochtones. Alors que la Municipalité israélienne de Jérusalem relance ses projets de relations publiques musicales en profitant de la levée de certaines restrictions sur le coronavirus, les Palestinien·ne·s de Jérusalem luttent bec et ongles contre l’escalade de l’accaparement de Sheikh Jarrah et de pans entiers de terres à l’est de leur ville. Les artistes palestinien·ne·s du spectacle sont attaqué·e·s ou emprisonné·e·s, alors que des communautés plus larges de personnes déplacées sont confrontées à la terreur ou à la destruction par la voie des airs de leurs centres culturels ainsi qu’au sous-développement systématique de leurs moyens de production.
Le « festival de l’oud » ne signifie rien d’autre qu’un blanchiment des crimes de la colonisation israélienne. De ce fait, nous ne pouvons que nous opposer à toute participation palestinienne et internationale à ce festival. À quelques exceptions près, les organisateurs du festival ont négligé de façon abjecte d’engager des musicien·ne·s palestinien·ne·s et arabes dans cette manifestation qui se résumera à un déploiement humiliant de la « coexistence » telle que dictée par les Israélien·ne·s. Ceci reflète l’opposition populaire des artistes réfractaires palestinien·ne·s, soucieux de se distancier des marques de trahison affichées par l’élite lors de Dubai Expo et autres plates-formes de la collaboration capitaliste entre sionistes et Arabes. Nous devons construire sur le potentiel révolutionnaire de l’engagement anti-normalisation des musicien·ne·s palestinien·ne·s et dénoncer devant le monde entier les racines politiques sionistes de ces phénomènes culturels.
Les événements du festival présentés en live sont organisés par la Haim Gouri Zionist Confederation House, fondée sur la conquête coloniale de Jérusalem et qui porte le nom d’un ancien membre du Palmach, une organisation paramilitaire qui, en 1948, se livra à nombre de massacres, dont celui de Sa’sa’ et d’al-Dawamiya. Depuis sa fondation, le festival est sponsorisé par les maires sionistes, qui jouent un rôle particulier dans le soutien de son organisation. L’actuel maire d’ultra-droite, Moshe Lion, avait prétendu en 2019 que le festival était une façon d’« instaurer le dialogue », tout en soutenant en même temps l’installation par l’administration américaine Trump de son ambassade à Jérusalem, « puisqu’il s’agit du seul emplacement qui convient pour les ambassades étrangères dans l’État d’Israël ». En mai 2021, il décrivait la colonisation sioniste de Sheikh Jarrah comme un « litige de propriété » et accusait les Palestinien·ne·s « d’attiser la violence ». Au moment où nous rédigeons la présente déclaration, les tribunaux israéliens tentent de forcer les familles de Sheikh Jarrah à accepter la « propriété temporaire » de leurs habitations par une organisation de colons sionistes.
Les massacres apparemment impulsifs commis par Israël sur les Palestinien·ne·s de Gaza et les opérations que l’État sioniste mène un peu partout dans la Palestine historique véhiculent une menace permanente d’oblitération culturelle, comme la destruction en août 2018 du studio Mashariq à Ansar ou le bombardement, au cours du même mois, du théâtre Said al-Mashal. À Jérusalem occupée, les studios Sabreen et le théâtre Hakawati sont confrontés à des menaces existentielles en raison de la sionisation de la ville. Des artistes de spectacle comme la contrebassiste classique Mariam Afifi et le chorégraphe d’al-Funoun, Atta Khattab, se sont retrouvés en prison suite à l’intervention des escadrons d’attaque sionistes.
Face à ces crimes, et dans les mains des gens qui luttent, l’oud devient un outil de libération antiraciste et anticolonial. Les chanteurs engagés révolutionnaires, depuis le Jérusalémite Mustafa al-Kurd jusqu’à Égyptien Sheikh Imam ont fait vibrer leur oud pour la Palestine. Appeler au boycott du Festival sioniste de l’Oud, c’est défendre l’expression autochtone, prendre position contre la normalisation et intensifier le boycott et l’isolement de l’État sioniste.
- Tareq Abboushi, joueur de buzuq et éducateur, Palestine
- Osloob Abdelrahman, rappeur, Yafa/France
- Sama’ Abdulhadi, DJ, Palestine
- A Blue Pail, producteur, Canada
- Ayman Abou Abdou, oud, Gaza
- Suma Abu Ali, joueur de nai, Gaza
- Kinan Abuakel, buzuq, Syrie
- Tamer Abu Ghazaleh, musicien et producteur, Palestine/Egypte
- Mohamed Abulyada, oud, Gaza/Allemagne
- Ramzi Aburedwan, musicien et compositeur, France/Palestine
- Abdelaziz Abusharik, qanoun, Gaza/Irlande
- Hadeel Abu Sharr, chanteur, Gaza/Egypte
- Fadi Abu Yaseen, joueur de oud et claviériste, Gaza
- Moneim Adwan, compositeur et musicien, Gaza/France
- Mariam Afifi, contrebassiste, Jérusalem, Palestine
- Manhal Alfalasteny, chanteur, compositeur et auteur-compositeur, Tunisie
- Fida’ Alshaer, oud, Golan occupé, Syrie
- Bahri Altorkmany, buzuq, oud, Syrie
- Fares Anbar, percussionniste, Gaza/Turquie
- Reem Anbar, oud, Gaza/Grande-Bretagne
- Toni Aoun, auteur-compositeur, Royaume-Uni
- Arabian Panther, DJ et musicien, France
- Samer Asakli, oud, Haïfa
- Rola Azar, chanteuse, Nazareth
- Azza Balbaa, chanteuse, Egypte
- Tarik Beshir, chant et oud, Grande-Bretagne
- Clarissa Bitar, joueuse de oud et compositrice, Palestine/USA
- Hames Bitar, musicien, Espagne
- Issa Boulos, compositeur et universitaire en musique, Palestine/États-Unis
- Louis Brehony, musicien et universitaire, Irlande/Grande-Bretagne
- Walter Brooker, saxophoniste, Canada
- Kendall Buchanan, musicienne de jazz, États-Unis
- Baider Burman, guitariste de flamenco palestinien, Suède
- Layale Chaker, violoniste et compositrice, Liban/USA
- Checkpoint 303, ambiances sonores électroniques, oud et expérimentales
- Bobbi Connolly, guitariste, Pays de Galles/Irlande
- Najib Coutya, chant et oud, Grande-Bretagne/Liban
- Mustapha Dakhloul, joueur de cornemuse, joueur de nay, Liban
- Groupe Darbet Shams, Haïfa
- Nur Darwish, chanteur, Palestine
- Paula Darwish, auteur-compositeur-interprète, Grande-Bretagne/Turquie
- Raymond Deane, compositeur, Irlande
- DJ Fatin, DJ, Palestine/Île de la Tortue
- Tony Erizia, chanteur et compositeur, Angleterre
- Haifaa Farajalla, chanteuse, Gaza
- Amanda Feery, compositrice, Irlande
- Roger Fowler, chanteur et guitariste, Nouvelle-Zélande
- Iandra França, pianiste, Brésil
- Alisa Gayle-Deutch, musicienne, Canada
- Gazelleband, Gaza/Grande-Bretagne
- Toni Germani, artiste musical, Canada
- Cathy Gulkin, documentariste, Canada
- Mohammad Habash, groupe al-Ashiqeen, Palestine/Suède
- Mohammad Al-Habbash, oud, Gaza
- Mariam Haidar, oud, Haïfa
- Ziad Hbouss, joueur de cornemuse, Palestine/Liban
- Jacinta Houston, musicienne, Nouvelle-Zélande
- Fareed Ismail, Producteur, Percussionniste, Batteur, Afrique du Sud/Canada
- Kamilya Jubran, musicienne et compositrice, Galilée/France
- Khaled Jubran, compositeur et professeur de musique, Galilée
- Bengt Karlsson, flûtiste, Suède
- D4RKSTAR, musicien, Suède
- Debbie Kennedy, bassiste/chanteuse de jazz, Australie/États-Unis
- Diam Keywan, musicien, Haïfa, Palestine
- Kamal Khalil et Baladna Group, compositeur et chanteur, Jordanie
- Ahmad Al Khatib, compositeur et joueur de oud, Palestine/Suède
- Sam Khattar, musicien, Liban/USA
- John King, compositeur/guitariste/oudiste, États-Unis
- Bande Kofia, Palestine/Suède
- Gabriel Lavin, guitare/oud, États-Unis
- Leen, batterie, Allemagne
- Arab Loutfi, cinéaste, Egypte
- Mats Lundälv, guitare 12 cordes et chant, Kofia Band, Suède
- Ronnie Malley, joueur de oud, producteur et éducateur, États-Unis
- Ari Salim Marcus, joueur de non, États-Unis
- David McDonald, musicologue, États-Unis
- Miguel Merino, batterie, simsimiyya, Egypte
- Ayman Mghamis, rappeur, Gaza
- Safaa Mohajeri, chanteuse, Allemagne
- Othman Mohammad, chanteur/oudiste, États-Unis
- Issa Murad, oud, Jérusalem/France
- Luci Murphy, artiste vocale, États-Unis
- Ricardo Luiz Nakaima, musicien de jazz, Brésil
- William Nassar, compositeur, chef d’orchestre et chanteur contestataire, Liban
- Antán Ó Dála an Rí, folk/rock irlandais, Irlande
- Raneen Okasha, chanteuse, Gaza
- Rawan Okasha, chanteur, Gaza
- Sylvia Posadas, auteur-compositeur et musicienne, Australie
- Produire, dj decks et claviers, USA
- Ahmed Qrinawi, oud, Gaza/Tunisie
- RENU, compositeur de musique électronique, Allemagne/Grande-Bretagne
- Mai Ruby, oud, Suède
- Saba Band, Palestine/Syrie/Suède
- Hussain Sabsaby, oud, Syrie
- Mohammed Sabsaby, oud, Syrie
- Arian Sadr, percussionniste, Iran/Grande-Bretagne
- Yousef Saif, joueur de buzuq, producteur, compositeur, Brésil/Palestine
- Yara Salahiddeen, chanteuse, Palestine/Égypte/Grande-Bretagne
- Belal Saleh, oud, Gaza
- Kareem Samara, oud, Palestine/Grande-Bretagne
- Haider Sandouk, oud, Irak/Grande-Bretagne
- Heike Schotten, professeur, Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël, États-Unis
- Rich Siegel, pianiste/chanteur/auteur-compositeur, États-Unis
- Reem Talhami, chanteuse et actrice, Jérusalem, Palestine
- Ahmad Tamari, percussionniste, Palestine/Suède
- Imad Tamimi, oud, Palestine/Suède
- Jay Taylor, guitariste classique, États-Unis
- George Totari, auteur-compositeur, Nazareth/Suède
- Bahri Turkmani, joueur de buzuq et de oud, Syrie
- Amal Waqar, oud, Oman/États-Unis
- Ali Saleh Wassouf, joueur de oud, Suède
- Katie Waterland, auteur-compositeur et chanteuse, États-Unis
- Roger Waters, auteur-compositeur, chanteur, bassiste et compositeur, Grande-Bretagne
- David Watson, musicien expérimental, États-Unis
- Henry Zaccak, tabla, Canada
- Wanees Zarour, compositeur et musicien, Palestine USA
- Basel Zayed, compositeur et musicien, Palestine/USA
Pour ajoutez votre nom, adressez un courriel à oudboycott@masarbadil.org ou à letpalestinesing@gmail.com.
Source : Masar Badil – Traduction : Plateforme Charleroi-Palestine