La Paillade : la campagne contre les dattes de l’apartheid porte ses fruits !
La campagne menée par le comité BDS France 34 depuis 2013 à La Paillade porte ses fruits ! Pas trace de dattes de l’apartheid israélien ce samedi matin, 7 mai 2016 aux halles de La Paillade, ni au Centre commercial voisin, St. Paul. Nous y avons même rencontré un commerçant ami, tout heureux et fier de nous montrer les dattes qu’il a réussi à trouver : “product of Palestine” en provenance de la région de Tubas en Cisjordanie occupée.
UN QUARTIER POPULAIRE GHETTOÏSÉ
La Paillade est la “banlieue” de Montpellier. Quartier populaire construit à distance de la Ville de Montpellier (on ne mélange pas les pauvres et les riches), habité depuis 1967, il compte aujourd’hui plus de 28 000 habitants en très grande majorité issus d’Afrique du nord, majoritairement du Maroc puis d’Algérie.
Décidé par le maire de droite François Delmas qui voulait caser ses amis et soutiens politique : les pieds-noirs, le quartier est très vite devenu, en raison du nombre de logements sociaux et des processus de ghéttoïsation, un quartier dont la population est issue de l’immigration coloniale avec toutes les discriminations et tout le racisme d’Etat que cela implique.
G. Frèche est arrivé à la mairie en 1977 et y a régné jusqu’en 2004 (décédé en octobre 2010). C’est donc sous le règne du Parti socialiste que La Paillade s’est développée. Le succès passager de l’équipe de football connue nationalement ne parviendra pas à masquer la violence de la discrimination à l’égard des populations de ce quartier ghéttoïsé. il n’est que de citer G. Frèche exprimer le racisme décomplexé avant l’heure :
«Ici, c’est le tunnel le plus long du monde : vous entrez en France et vous ressortez à Ouarzazate», commente-t-il au sujet de la liaison centre-ville/La Paillade, lors de l’inauguration d’un nouveau tramway le 30 juin 2000. Le même jour, il déclare au sujet d’une femme voilée. «Ne vous inquiétez pas pour la dame, elle n’a que les oreillons et on lui tient les oreilles au chaud».
L’autocrate ira jusqu’à rebaptiser, comme une simple marque de produit, La Paillade en “La Mosson”, mais les habitants et tous leurs amis soucieux de préserver l’histoire du quartier et de ses luttes continuent à le nommer “La Paillade.”
LA PAILLADE POUR LA PALESTINE
C’est surtout depuis le terrible hiver 2008-2009 que les Pailladins et Pailladines sont mobilisés pour la Palestine. Comme partout dans le monde, l’attaque meurtrière de la Bande de Gaza par l’armée israélienne contre toute la population civile, a été le détonateur d’une mobilisation qui s’est à nouveau manifestée avec force l’été 2014. C’est à La Paillade, avec des habitants du quartier, que le tout jeune comité BDS 34 a mené sa première action de boycott dans une grande surface (http://www.dailymotion.com/video/xcpau1_bds-france-comite-de-montpellier-ma_news).
Et depuis, même si ça reste insuffisant de l’avis du comité, de nombreuses actions ont été menées (Manifestations pour le soutien à Gaza, contre la Journée sioniste dite de Jérusalem et des actions de boycott…) qui ont fait que des liens se sont créés. Certains-nes sont devenus des militants réguliers, d’autres sont là en cas de coup dur et on sait qu’on peut compter sur eux et puis il y a tous ceux et celles qui ne viennent qu’aux manifestations ou qui nous rencontrent sur la place de la comédie et avec lesquels et lesquelles, d’une manif à l’autre, d’une action de terrain à l’autre on se reconnait, se salue et on partage cette chaleureuse et forte solidarité avec le peuple Palestinien.
LA CAMPAGNE CONTRE LES DATTES DE L’APARTHEID : UN DÉMARRAGE DIFFICILE
C’est en 2013 que le Comité BDS France 34 a lancé à l’approche du Ramadan la campagne contre les dattes israéliennes en provenance de la Vallée du Jourdain occupée. L’appel des paysans palestiniens à cesser le commerce avec les entreprises agroalimentaires israéliennes date de février 2013 et mentionne, concernant les dattes deux principales entreprises: Mehadrin (Colonie Beqa’ot en particulier) et Hadiklaim qui elle aussi cultive les dattes dans la Vallée du Jourdain (colonies de Beit Ha’ Arava et Tomer).
Nous avions ciblé La Paillade (les Halles des 4 saisons et le centre commercial St. Paul fait de nombreuses petites boutiques) et le quartier “Plan Cabannes” situé en ville proche du centre et où en raison de la vétusté des habitations et donc des bas loyers, de nombreux immigrés se sont installés à proximité d’un quartier de gitans sédentarisés. Même si le quartier se “boboïse” il reste encore un centre de vie avec de nombreuses boutiques tenues par des maghrébins.
Nous sommes intervenus chaque année avant le Ramadan, nous sommes intervenus 2,3 fois sur les lieux dans chaque boutique. A u début ça n’a pas été facile car en l’absence du BDS, les commerçants et même l’ensemble de la population était peu regardante sur l’origine des produits. Le Comité avait décidé d’une méthode progressive : une première fois par petits groupes de 5 ou 6 avec des tracts, les militants montraient les produits expliquaient leur origine, présentaient l’appel Palestinien et engageaient la discussion. Cela représentait une trentaine de boutiques pour les deux quartiers. Des tracts étaient laissés chez les commerçants coopérants dont certains acceptaient même des affiches.
En vérité lors des seconds passages les produits étaient toujours là. Alors nous avons fait des interventions à quinze ou vingt, avec sono et banderole dans et devant les magasins.
Nous nous sommes adressés aux gens assis aux terrasses des cafés, aux passants. Nous avons fait en sorte que presque toutes les manifestations de l’été 2014 passent par le Plan Cabannes et là nous avons fait des prises de paroles pour dénoncer la présence des produits illégaux des colonies israéliennes et la gravité qu’il y avait à commercer en plein bombardements de Gaza avec l’Etat criminel israélien…
Voici (ci-dessous) un court extrait d’une intervention du 23 août 2014, en pleine attaque israélienne contre Gaza, dans les halles des 4 saisons à la Paillade au cours de laquelle on combinait l’appel à la prochaine manifestation hebdomadaire et l’appel au boycott des dattes israéliennes. Nous n’avons pas ménagé ce commerçant qui systématiquement nous envoyait promener. Le contexte terrible de Gaza permettait ce genre d’intervention qui a été applaudie par de nombreuses personnes et qui l’a conduit à changer sa position.
Nous avons rencontré ce commerçant ce matin du 7 mai 2016 et il était tout content de nous dire que ses “Medjoul” venaient d’Afrique du Sud distribuées par Kartsens.
“La dernière fois ça m’a suffit ” nous a t-il dit.
Chacun sait que Karstens Farms, une compagnie agricole sud-africaine de premier plan soutenue par un des principaux organes financiers d’Afrique du Sud, la Industrial Development Corporation (IDC), a coupé ses relations avec la coopérative israélienne Hadiklaim, et a aussi entrepris de n’entrer dans aucune relation future avec aucune entreprise israélienne complice dans l’occupation israélienne illégale de la Palestine.
AU FINAL, UN ACCUEIL CHALEUREUX ET UNE VICTOIRE POUR LES PALESTINIENS !
A La Paillade ce matin, aux halles comme à St. Paul, l’accueil a été vraiment chaleureux. Nous avons diffusé un tract et proposé aux commerçants de mettre l’affiche. Nous n’avons eu que très peu de refus ( en raison de l’absence du patron les salariés n’ont pas voulu apposer l’affiche).
Et pas une seule datte illicite !
Le moment le plus touchant a été quand un commerçant, avec qui nous avions eu en 2014 une discussion un peu vive, nous a montré, radieux, ses dattes palestiniennes de la région de Tubas, à 25km au nord-est de Naplouse (en zone A).
Une trentaine de boutiques ont accepté l’affiche, y compris des bouchers, des boulangers etc. qui ne sont pas directement concernés par le commerce avec Israël.
Et à St. Paul même accueil. Un directeur de salle de sport nous a demandé des tracts et une affiche pour sa salle, des particuliers nous ont demandé des tracts pour leur entourage…
Nous avons par contre trouvé en deux endroits des mandarines Jaffa et des avocats Mehadrin. Ces deux commerçants ont accepté l’affiche et les tracts. Ils ont dit ne pas être informés pour Mehadrin… affaire à suivre, on reviendra.