LE CCCJM UN GROUPE DE PRESSION SIONISTE ? DÉCRYPTAGE :
Un colloque contre la liberté d’expression
Comme l’indique le titre du colloque annoncé : la liberté d’expression est le nouvel alibi de l’antisémitisme. Le point d’interrogation n’est là que pour mieux faire mieux passer le message : « des malveillants se servent de la liberté d’expression pour véhiculer des messages antisémites ».
Les « malveillants » bien sûr, sont tous ceux et celles qui osent critiquer Israël et en particulier les organisations et associations qui appellent à combattre la colonisation de peuplement et son système d’apartheid, moyen privilégié de son accomplissement. Le mouvement international BDS est un des « malveillants » particulièrement ciblé.
Mais il est moins facile de savoir ce qu’est exactement ce Centre Communautaire et Culturel juif de Montpellier (CCCJM) qui, communication oblige, se pare désormais de l’image médiatique de Simone Veil (CCJSM) ? Quels sont son rôle, ses objectifs, ses méthodes ?
Depuis une douzaine d’années en raison du basculement de l’opinion internationale devenu défavorable à l’égard de la politique d’Israël et des campagnes locales de solidarité avec le peuple palestinien, le CCCJM avance masqué et s’efforce de banaliser ses interventions. Mais un survol rapide de ses initiatives et de ses partenariats montre qu’il est une des pièces majeure du groupe de pression sioniste local orchestré par le CRIF Languedoc-Roussillon.
Impulsé en 1977 par le clientéliste et admirateur d’Israël, Georges Frêche en personne, le CCCJM et le courant sioniste bénéficient depuis 45 ans d’un soutien politique et financier exceptionnels des exécutifs (PS) de la Région Languedoc-Roussillon /Occitanie, du Département 34, de la Ville de Montpellier et sa Métropole. Soutien qui viole le droit international et ose porter atteinte à la liberté d’expression pour protéger l’apartheid israélien. Soutien qui va jusqu’à la répression et le harcèlement policier et judiciaire à l’encontre des militant.e.s qui le combattent, celles et ceux de la Campagne BDS France Montpellier en particulier.
Israël de plus en plus indéfendable
L’agression meurtrière israélienne contre la population civile de la bande de Gaza durant l’hiver 2008-2009 a montré au monde entier le vrai visage d’Israël, l’escroquerie des accords d’Oslo et confirmé le projet sioniste de nettoyage ethnique en vue de coloniser la totalité de la Palestine historique. Les manifestations massives de solidarité avec Gaza dans le monde entier à cette époque attestent du basculement de l’opinion publique et du discrédit grandissant d’Israël. Les succès du mouvement BDS international qui prend son élan en 2009, vont rapidement occuper le devant de la scène des luttes de solidarité et porter des coups à l’image d’Israël. (Victoire contre Agrexco en novembre 2011).
Masquer les liens politiques et la dépendance avec Israël
Dans ces conditions, face aux difficultés à défendre l’indéfendable, depuis une douzaine d’années, le groupe de pression sioniste va progressivement adopter une nouvelle tactique de communication pour pouvoir continuer à développer sa stratégie de soutien total à l’État sioniste : un État juif pour les Juifs.
La nouvelle tactique communicationnelle consiste à fabriquer l’image d’une association « quelconque », « banale », qui serait déconnectée de l’actualité et des réalités de la politique israélienne. Il s’agit de dépolitiser la façade de l’association, cesser de proclamer un soutien tous azimuts à Israël et à ses « extraordinaires réalisations » attestant de la supériorité du sionisme. Façonner un maquillage de neutralité, désengagé du soutien à Israël est la tentative pour apparaître plus « indépendant » et plus « objectif » afin d’être plus convaincant.
DU CAMOUFLAGE AUX RÉALITÉS
En 2023, le « Centre Communautaire et Culturel Juif de Montpellier » (CCCJM), se présente ainsi « Acteur qui compte dans la vie de la cité et s’inscrivant dans une démarche d’ouverture, le Centre Culturel Juif Simone Veil participe à de nombreuses actions en lien avec ses partenaires » .
« qui compte dans la vie de la cité » , « une démarche d’ouverture » , « en lien avec ses partenaires » ( !) Quoi de plus anonyme et inoffensif que la vacuité de la langue de bois ?
Il se nomme désormais « Centre Culturel Juif Simone Weil » (CCJSM). Exit la composante « communautaire », le paravent de la « culture » passe en première ligne.
Après avoir mentionné sa participation à « l’Antigone des associations », fait hautement culturel s’il en est ( !), le CCJSM énumère 4 activités :
Des manifestations annuelles comme :
- La Nuit des Lettres en partenariat avec la médiathèque Emile Zola
Si l’on en croit le site de la médiathèque la dernière « Nuit » a eu lieu en 2011. Depuis, plus rien.
- Des festivités autour de Yom Haatsmaout pour commémorer l’État d’Israël à la Maison des Relations Internationales
La commémoration de l’annonce de la création (unilatérale) de l’État d’Israël par Ben Gourion en mai 1948 n’a rien de culturel, c’est une manifestation hautement politique. Les invité.e.s sont trié.e.s sur le volet. Consul d’Israël, les représentants des exécutifs de la Région, du Département et de la Ville-Métropole, le CRIF et les autres officines sionistes, quelques personnalités amies d’Israël (Chambre de commerce, universitaires etc.). Le CCCJM est à l’initiative de l’événement et y joue en quelque sorte le rôle d’un substitut consulaire… Le terme de « festivités » tient lieu de camouflage et vise à masquer aux yeux du grand public l’acte politique.
Imaginez entre 1948 et 1991, dans les mêmes locaux municipaux, la commémoration de la naissance de l’apartheid en Afrique du Sud, en présence du consul d’Afrique du Sud, des associations racistes « blanches » de Montpellier, des représentants des exécutifs de la Région, du Département et de la Ville-Métropole de Montpellier pré-cités.
La seule question qui se pose est celle-ci ? le système de domination israélien sur l’ensemble du peuple palestinien est-il oui ou non un système d’apartheid ? Par leur présence ceux et celles qui assistent à la manifestation réfutent cette qualification et nient cette réalité.
- La Journée de Jérusalem qui depuis quarante-cinq ans réunit un large public pour une journée champêtre.
« Une journée Champêtre » ! Cet événement, à lui seul, répond aux questions posées sur le rôle, les objectifs et méthodes du CCCJM.
La déconnection d’avec la réalité frise ici la contre-vérité.
Voici comment Frédéric Corcos, président du CCCJM annonçait jusqu’en 2010 la « Journée de Jérusalem » à Montpellier :
(…) «A travers le symbole de cette journée, nous crions, avec tous nos amis, haut et fort, notre sionisme et notre soutien à l’Etat d’Israël !… Jérusalem est et doit rester la capitale de l’Etat d’Israël (…) Venez très nombreux commémorer ce 33ème anniversaire de la Journée de Jérusalem et soutenir ainsi l’Etat d’Israël, seul rempart de notre Peuple. Vive Israël ! » (…).
Vous avez dit « Journée champêtre » ?
De l’affichage politique d’un sionisme arrogant jusqu’en 2010… À l’affichage « boite de nuit » totalement dépolitisé qui apparaît après les manifestations de l’hiver 2009 et celles de l’été 2014 contre les attaques meurtrières de la population de la bande de Gaza.
La référence au « sionisme » n’apparait plus que dans les noms des organisations partenaires sur le programme papier..
Quand le double discours du CCCJM se double du cynisme de l’armée israélienne :
L’attaque israélienne de juillet 2014 contre la bande de Gaza selon le rapport de l’ONU mentionne :
« Lors de cette opération, “plus de 1 500 civils ont été tués, 11 000 ont été blessés et 100 000 déplacés”. Et ces personnes n’avaient toujours pas retrouvé de domicile fin 2014, indique le rapport annuel de l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires palestiniens occupés (Ocha).
Au total, 2 220 Palestiniens, dont des combattants, ont été tués dans la bande de Gaza. Parmi les victimes figurent 550 enfants, précise le document. Côté israélien, 73 personnes ont été tuées, dont 67 soldats. ».
Faisant preuve du même cynisme que l’armée israélienne, qui avait selon la méthode d’inversion de l’agresseur en agressé, baptisé l’opération :« Bordure de protection », le CCCJM, à moins d’un an de cette attaque meurtrière sans précédent depuis la guerre des 6 jours en 1967, n’hésite pas à se présenter-et donc présenter Israël – en champion du « vivre ensemble ».
Et la seule chose qu’ils trouvent à dire – en inversant les rôles bien sûr – c’est :
-
Le rôle et les objectifs du CCCJM : Soutien total à l’État d’Israël quels que soient les gouvernements.
Au-delà de l’affichage trompeur ci-dessus qui signe le double langage du CCCJM, les objectifs de cette « journée » restent identiques à ceux qui étaient clamés publiquement avant 2010. Même dans l’ambiance « boîte de nuit » il y a un temps pour la « cérémonie officielle » où précisément, un officiel de l’ambassade ou du Consulat israélien prend la parole ainsi que la présidente de CCCJM pour commémorer la « réunification ».
Pour rappel, lors de cette « journée » il s’agit de commémorer une étape décisive dans la colonisation de peuplement : la prise de Jérusalem par Moshé Dayan le 7 juin 1967, l’occupation militaire puis l’annexion prononcée par la Knesset le 27 juin 1967 qui déclare Jérusalem « une et indivisible capitale d’Israël ». Bien que pas moins de 4 résolutions de l’ONU (252, 476, 478, 672) réaffirment que Jérusalem est protégée par le droit international et que Jérusalem-Est fait partie intégrante des « Territoires Palestiniens » (Arrêté du 5/02/2021). Une fois de plus Israël – le CCCJM – (et les exécutifs cités) piétinent l’ONU et le droit international.
A Jérusalem, où a lieu cette commémoration ce sont les colons les plus extrémistes (excusez le pléonasme) qui envahissent la vieille ville, territoire palestinien, en dansant, chantant et proférant des insultes et menaces de mort contre les Palestiniens. C’est dire combien cette commémoration est synonyme du colonialisme le plus virulent.
Cela ne gêne pas le CCJSM et ses partenaires de fêter cet acte colonial avec les colons qualifiés de fascistes dans les manifestations en Israël, au contraire. Sur cette courte vidéo vous entendrez l’ambassadrice d’Israël remercier Montpellier, seule ville de France où a lieu ce type de commémoration ! Et à notre connaissance : seule ville d’Europe.
Des quatre activités mentionnées dans le « Qui sommes-nous » ? la journée sioniste dite de « Jérusalem » est incontestablement l’événement politique qui révèle le rôle et les objectifs du CCCJM en tant qu’officine sioniste en charge de soutenir et promouvoir la politique de l’État d’apartheid israélien et de rassembler sur ces bases le maximum de juifs et non juifs. Le groupe de pression constitué également d’élu.e.s à tous les niveaux des exécutifs pèse sur toutes les décisions concernant Israël dans les domaines politique, culturel, commercial, sportif etc. et « normalise » par le soutien institutionnel des exécutifs les initiatives pro-israéliennes et ouvertement pro-sionistes telles que la journée coloniale dite de « Jérusalem ».
Aujourd’hui, dans son nouvel emballage « Simone Veil » (ainsi marchandisée), face au discrédit grandissant d’Israël (qui atteint des sommets avec le nouveau gouvernement raciste et fasciste décomplexé) et conformément aux directives d’Israël (ambassade, consulat) et des partenaires hiérarchiques du CCJSM (CRIF, Organisation Sioniste Mondiale, Agence Juive pour Israël…), sous couvert d’une prétendue lutte contre l’antisémitisme, le CCJSM déploie et va encore plus déployer ses activités de criminalisation de la moindre critique d’Israël.
Le colloque contre la liberté d’expression en atteste.
(à suivre).