Les Droits Humains, pour certain·es seulement.

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Riche en spéculations et pauvre en preuves, le rapport de Human Rights Watch permet le
génocide américano-israélien et compromet davantage la crédibilité et l’impartialité du droit international.

 

Déclaration de la société civile palestinienne

La décision de Human Rights Watch (HRW) de publier un rapport massif et médiocre accusant les groupes de résistance armée palestinien·nes de commettre des abus et des crimes contre des civil·es et des soldats israélien·nes le 7 octobre, tout en échouant depuis plus de neuf mois à produire un rapport cohérent condamnant le génocide en cours et diffusé en direct contre 2,3 millions de Palestinien·nes dans la bande de Gaza occupée et assiégée, en dit long sur les préjugés politiques de l’organisation.

Le fait que HRW n’ait même pas appelé à un cessez-le-feu permanent, sans parler de qualifier le crime israélien de génocide, comme l’ont fait de nombreux expert·es des Nations Unies et éminent·es spécialistes du génocide, expose davantage la dévalorisation raciste et coloniale des vies palestiniennes par l’organisation. Elle a choisi d’abstraire les actions des opprimé·es du contexte de l’oppression au service de la domination coloniale israélienne sur tou·tes les Palestinien·nes et de son génocide dans le ghetto de Gaza.

Bien que ce soit de loin la tentative la plus dangereuse de HRW de justifier indirectement le génocide israélien à Gaza, ce n’est pas la première. Son infâme rapport sur le massacre de centaines de Palestinien·nes à l’hôpital Al-Ahli Baptist, par exemple, a conclu sans aucune preuve qu’une roquette tirée par un·e Palestinien·ne était responsable des tueries, malgré les preuves concrètes présentées par des médias et des organisations de droits humains de renom contraires. Comme l’ont déclaré des expert·es juridiques et des droits de l’homme palestinien·nes en réponse.

Le point de départ implicite de l’analyse de HRW a été que le problème avec l’attaque génocidaire d’Israël contre les Palestinien·nes est une question de disproportion dans des « incidents » dispersés à enquêter. Dans la plupart de ses rapports ou articles, l’analyse de HRW commence par un langage absolu sur les attaques « odieuses », « viles » et « indescriptibles » du 7 octobre par des groupes armés palestinien·nes, avec une détermination claire que ce sont des crimes. Pourtant, lorsqu’il s’agit de rapporter les victimes palestiniennes des crimes atroces [d’Israël], le meurtre d’au moins 15 523 Palestinien·nes à Gaza est soit totalement absent, soit non reconnu comme illégal. Qu’est-ce qui peut expliquer la violence inhérente à de tels doubles standards, la dévaluation et la quasi-éradication de la vie et de la souffrance palestinienne, sinon le racisme et la suprématie blanche ?

De même, lorsque le rapport actuel est contraint de mentionner les champs de massacre de Gaza, il cache l’auteur·e, portant un coup fatal non seulement aux compétences professionnelles du rapport mais aussi à l’intégrité éthique revendiquée de l’organisation. Il dit : « Entre le 7 octobre 2023 et le 1er juillet 2024, les hostilités ont entraîné la mort d’au moins 37 900 Palestinien·nes et la blessure de 87 060 autres, selon le ministère de la Santé de Gaza. » [Emphase ajoutée]

Le rapport fait semblant de parler des « causes profondes », échouant à contextualiser le 7 octobre dans des décennies de régime israélien contre les Palestinien·nes, fondamentalement un colonialisme de peuplement depuis la Nakba de 1948, qui utilise l’apartheid et l’occupation militaire comme outils pour atteindre son objectif ultime d’élimination du peuple autochtone palestinien et de contrôle de toute notre terre. En ignorant délibérément ce contexte essentiel d’oppression coloniale, le rapport ignore que le droit de tou·tes les peuples de résister à l’occupation étrangère et à la colonisation par le recours à la lutte armée est reconnu, conformément au droit international. Même en faisant référence aux soldats israélien·nes capturé·es par les forces de résistance palestiniennes, le rapport les qualifie d’« otages », effaçant toute distinction entre eux et les captifs civil·es.

Le périmètre défini dans le rapport est biaisé car il dit qu’il n’examine que les groupes armés palestinien·nes ce jour-là. Il y a donc un niveau d’abstraction où ni un périmètre géographique ni un périmètre temporel ne sont définis, comme cela devrait être le cas dans les rapports sur les droits humains. Il ne regarde pas toutes les violations ce jour-là, ni toutes les violations dans les mêmes lieux en question ; il se concentre uniquement sur les violations par les groupes armés palestinien·nes contre les Israélien·nes. Même dans ce périmètre manifestement biaisé, les droits des combattant·es palestinien·nes capturé·es par les forces d’occupation israéliennes ce jour-là sont exclus du rapport.


Trahissant les valeurs fondamentales qui devraient régir le travail des droits humains, le contenu et le timing de ce rapport de HRW ne peuvent que servir de tentative de justifier indirectement, de permettre et de détourner l’attention du génocide en cours par Israël. Le génocide n’est pas mentionné dans le rapport, ni la Cour internationale de Justice ou sa décision sur la plausibilité du génocide. Aussi omise est toute référence au rapport de la Rapporteuse spéciale de l’ONU Francesca Albanese montrant que les actions d’Israël à Gaza équivalent à un génocide. En manquant grossièrement de respecter les normes minimales de professionnalisme, d’impartialité politique et d’enquête fondée sur des preuves, le rapport manque largement d’intégrité, de fiabilité, d’objectivité et même d’honnêteté.

Il s’appuie largement sur des sources de propagande israélienne totalement discréditées et des points de discussion, tout en répétant que de nombreuses informations utilisées n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante. Le résultat est un schéma répétitif d’affirmations présentées comme des « faits » et de conclusions contradictoires, déshumanisant les Palestinien·nes et nous représentant indirectement dans des stéréotypes coloniaux typiques de « sauvagerie » et de « criminalité » tout en effaçant le contexte d’une colonie de peuplement nucléaire armée subjugeant un peuple autochtone.

Tout en reconnaissant que certaines affirmations de violations palestiniennes ce jour-là ont été prouvées fausses, le rapport ne parvient pas à aborder la campagne systématique de propagande bien exposée d’Israël, de ses organes et de ses responsables, qui a été relayée par des dirigeant·es et des médias occidentaux profondément complices avant d’être rétractée par la plupart. En ignorant délibérément la campagne orchestrée pour déshumaniser les Palestinien·nes, le rapport tente de raviver cette campagne de désinformation.

Cela est particulièrement flagrant dans le cas de la violence sexiste. Le rapport admet que « malgré des efforts considérables, Human Rights Watch n’a pas été en mesure de recueillir des informations vérifiables par des entretiens avec des personnes survivantes ou témoins de viol lors de l’attaque du 7 octobre. » Pourtant, le rapport conclut toujours que la violence sexiste était « systématique » et « conformément à une politique organisationnelle. »

La grande majorité des « preuves » de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité présentées dans le rapport ne sont pas vérifiées ou vérifiables de manière professionnelle. Israël a méthodiquement détruit presque toutes les preuves médico-légales et a refusé de donner un accès indépendant pour examiner les preuves médico-légales existantes. Bien que le rapport lui-même admette qu’Israël a entravé les enquêtes sur les droits humains, cela n’a pas empêché ses auteur·es de prétendre qu’ils avaient des preuves solides sur leurs conclusions radicales.
Dans certaines sections, le rapport cite littéralement seulement quelques exemples d’abus pour conclure de manière emphatique et absolue qu’un « crime contre l’humanité » a été commis. Pour ce faire, il base tout son argument sur la prémisse non prouvée – souvent répétée sans esprit critique dans les médias occidentaux et par des politicien·nes occidentaux – que les groupes armés palestinien·nes ont attaqué des civil·es israélien·nes intentionnellement, en raison de motivations racistes, et selon des plans prédéfinis. Pourtant, le rapport, encore une fois, ne fournit aucune preuve d’un tel plan, sauf quelques documents manifestement fabriqués soi-disant capturés par l’armée d’occupation israélienne et que le rapport dit explicitement ne pas pouvoir être vérifiés.

Contredisant cette affirmation infondée d’intention, les dirigeant·es seniors des groupes de résistance palestinien·nes sont cités dans le rapport en soulignant constamment que le plan était strictement d’attaquer la division militaire israélienne de Gaza et que les ordres étaient de ne pas blesser les civil·es israélien·nes, mais de les capturer comme otages à échanger contre des prisonnier·es palestinien·nes, une action légale sous le droit international.
Le rapport recycle les revendications de propagande faites tôt pendant le génocide par les autorités israéliennes pour ensuite être réfutées par leurs propres rapports militaires. Par exemple, le rapport de HRW affirme, sans même tenter de fournir une preuve, que les groupes armés palestinien·nes étaient responsables de tous les décès civil·es (736 Israélien·nes et 79 étrangers) enregistrés par les autorités israéliennes le 7 octobre, ignorant le fait désormais établi même dans les médias israéliens grand public que l’armée israélienne a employé en masse sa directive Hannibal infâme, ciblant des civil·es israélien·nes pour la première fois, pas seulement du personnel militaire comme initialement stipulé dans cette doctrine odieuse.


De récents rapports médiatiques de plusieurs sources militaires israéliennes ont confirmé, par exemple, que l’armée et l’aviation israéliennes ont tiré de manière extensive et indiscriminée sur des personnes et des véhicules se dirigeant vers Gaza, tuant un nombre inconnu de civil·es israélien·nes et de combattant·es, ainsi que de nombreux Palestinien·nes les retenant captifs. Dans un cas, un·e survivant·e israélien·ne a déclaré à la télévision d’État Kan qu’un char israélien avait bombardé une maison dans son kibbutz sachant qu’il y avait de nombreux captifs civil·es israélien·nes à l’intérieur.

Une autre affirmation du rapport est que les groupes armés palestinien·nes avaient délibérément planifié et exécuté l’attaque sur le festival Nova, malgré les rapports militaires israéliens réfutant cette affirmation en novembre 2023. Le rapport largement couvert publié dans Yedioth Ahronoth où un·e pilote d’hélicoptère israélien·ne admet avoir tiré de manière indiscriminée sur toutes les voitures sur les lieux du festival Nova, « tuant peut-être » des civil·es israélien·nes, est entièrement ignoré par le rapport politiquement motivé de HRW. Une enquête véritablement indépendante, compétente et professionnelle sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là est clairement nécessaire pour parvenir à la vérité.

En contraste frappant, les rapports de HRW sur l’assaut israélien contre les Palestinien·nes à Gaza ont systématiquement blanchi le génocide, utilisant les termes les plus conservateurs pour décrire les violations israéliennes, sans jamais les condamner emphatiquement comme crimes de guerre ou crimes contre l’humanité. Ignorant l’asymétrie de cette relation coloniale, HRW n’a jamais inféré une intention criminelle aussi clairement et catégoriquement à Israël et aux Israélien·nes qu’elle l’a fait à plusieurs reprises avec les Palestinien·nes, malgré le fait que les crimes des premiers vieux de plusieurs décennies dépassent de loin ceux attribués aux seconds.


Une récente lettre dans le Lancet conclut qu’une estimation conservatrice du nombre total de mort·es palestinien·nes dues au génocide israélien pourrait atteindre le chiffre choquant de 186 000. En extrapolant les ratios actuels, environ 163 000 d’entre elles et eux seraient des civil·es, soit au moins 200 fois le nombre de civil·es israélien·nes tué·es, selon les sources gouvernementales israéliennes. Il semble que HRW ignore non seulement la réalité coloniale de peuplement d’Israël et la relation d’oppression-oppressé·e du pouvoir et de la résistance ; elle valorise également chaque vie civile israélienne 200 fois plus que toute vie civile palestinienne. Droits de l’Homme pour certain·es !

Le génocide israélien à Gaza est armé, financé, rationalisé et défendu par l’Occident colonial, dirigé par les États-Unis. Il est également permis par la complicité des États, des institutions, des entreprises et des médias grand public racistes – ainsi que des organisations se réclamant des droits de l’homme tout en s’engageant dans une tentative non éthique de blanchir les violations les plus grotesques et systématiques des droits humains. Ce rapport de HRW fait exactement cela.


La société civile palestinienne exige que Human Rights Watch retire et s’excuse pour avoir publié ce rapport propagandiste et facilitant le génocide. Si elle ne le fait pas, nous appelons les Palestinien·nes, tous les peuples de la région arabe, ainsi que les personnes de conscience du monde entier à reconsidérer leurs relations avec HRW, notamment en s’abstenant de coopérer avec elle. Elle doit faire face à une responsabilité sérieuse pour avoir aidé et encouragé le génocide, le crime des crimes.

 

  • Conseil des Forces Nationales et Islamiques en Palestine
  • Comité National Palestinien de BDS (BNC)
  • Association du Barreau Palestinien
  • Union Générale des Femmes Palestiniennes
  • Union Générale des Travailleurs Palestinien·nes
  • Union Palestinienne des Travailleurs des Postes, des Technologies de l’Information et des Télécommunications
  • Fédération des Syndicats Indépendants
  • Union Générale des Enseignant·es Palestinien·nes (GUPT)
  • Fédération Palestinienne des Nouveaux Syndicats
  • Union des Associations Professionnelles
  • Coalition pour Jérusalem
  • Campagne Populaire Palestinienne Contre le Mur de l’Apartheid (STW)
  • Union des Organisations Caritatives Palestiniennes
  • Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI)
  • Campagne des Femmes pour Boycotter les Produits Israéliens
  • Coalition Civique pour les Défenseur·euses des Droits de l’Homme
  • Secrétariat des Cadres Étudiant·es – Gaza
  • Fédération des Syndicats des Travailleurs Palestinien·nes – Gaza
  • Initiative Ouneh
  • Rawa
  • Institut Palestinien pour la Diplomatie Publique
  • Centre d’Action Communautaire – Université Al Quds

Source : https://bdsmovement.net/Human-Rights-for-Some

Traduit par S.H pour BDS France Montpellier 

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