Peut-on soutenir l’État d’apartheid israélien et EN MÊME TEMPS se présenter comme un défenseur des libertés publiques en France ?
Orwell est devenu un auteur très à la mode. Paradoxalement il est très largement cité y compris par ceux et celles qui avec leurs communicants usent du « novlangue » et de sa forme renouvelée qu’est le « en même temps » macronien. Juxtaposant des systèmes de valeurs opposées, ce qui est l’incarnation même de la double pensée, le « en même temps » vise ainsi à neutraliser la charge conflictuelle d’une vision du monde basée sur des valeurs « humanistes » afin de lui substituer, dans le cas du gouvernement actuel, une autre logique économique dont le seul critère est le profit (pour le bien de tous évidemment). Plus trivialement cette idéologie permet l’éclosion d’« arrangements » personnels ou collectifs faisant cohabiter des valeurs antagoniques au mépris de la moindre éthique. Ainsi, peut-on, en même temps, soutenir l’État d’apartheid israélien, apartheid qui selon les critères de l’ONU est un crime contre l’humanité et « en même temps » se poser en défenseur des libertés publiques en France ?
Dans un article et une vidéo du site « Le d’Oc », en compagnie de Sophie Mazas, présidente LDH de l’Hérault, on peut voir l’avocat David Mendel se livrer à cet exercice.
L’homme politique David Mendel, ancien candidat UMP (plusieurs fois recalé) était un partisan du grand défenseur des libertés, l’intègre F. Fillon. On sait aujourd’hui que ce courant politique, de « droite », et le PS, dit de « gauche », ont posé les bases et voté les lois qui ont permis les actuelles violences policières et judiciaires ainsi que les actuelles inédites et gravissimes atteintes aux libertés publiques.
Voir cet ex homme politique de droite acteur de ces politiques se parer aujourd’hui de la robe d’avocat pour s’adonner – en même temps – à la critique de la « réduction des libertés publiques » de l’actuel gouvernement pourrait donner le change si la lucidité des Gilets Jaunes n’était passée par là.
Chacun sait que l’avocat n’est pas le client et qu’il n’est pas censé partager idéologiquement et politiquement les causes qu’il défend. Par contre il peut choisir ou non de défendre telle ou telle cause. La constance de l’engagement professionnel de ce personnage aux côtés d’une association (BNVCA) proche de l’extrême droite israélienne et soutien actif de l’apartheid israélien ainsi que son implication personnelle contre l’expression de la Campagne BDS France Montpellier attestent de la nature de ses choix politiques.
L’OBJECTIF DU BNVCA C’EST REQUÉRIR L’INTERDICTION D’EXPRESSION ET DE MANIFESTATION CONTRE UN COURANT D’OPINION
Le BNVCA, (Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme) fondé en 2002 par Sammy Ghozlan, ancien commissaire de police, né en Algérie et bien connu pour ses positions d’extrême droite. 18 ans après il est toujours président du BNVCA qu’il dirige… depuis Israël.
Les objectifs de l’association sont :
« Le palestinisme, Guerre de Territoires ; 2. L’islamisme, Guerre de Religion ; 3. Le jihadisme, Guerre de Civilisation.
C’est par la voie juridique que le BNVCA lutte contre toute manifestation d’antisémitisme ou d’incitation à la haine et à l’acte de terrorisme ».
L’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) définit ainsi le BNVCA : « Le BNVCA est un lobby de soutien inconditionnel aux gouvernements israéliens quels qu’ils soient. Il assimile systématiquement toute critique de l’Etat d’Israël à de l’antisémitisme. Il essaie par la menace et l’intimidation d’empêcher la dénonciation des politiques israéliennes de colonisation, d’occupation, d’apartheid et d’épuration ethnique. Il essaie de criminaliser toutes les actions de soutien aux droits du peuple palestinien et notamment les actions de BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) qualifiés selon lui de « discrimination raciale » et d’« incitation à la haine et à la violence »
Effectivement le BNVCA est le spécialiste des procès contre les associations et mouvements de solidarité avec la Palestine qui soutiennent l’Appel international du BDS palestinien (Boycott, Désinvestissement, sanctions). Son objectif : les museler, interdire leur expression. Plaider pour le BNVCA c’est requérir pour l’interdiction d’expression et de manifestation d’un courant d’opinion antiraciste et anticolonialiste.
LE BNVCA CONTRE BDS FRANCE MONTPELLIER :
– Début 2015 le BNVCA a déposé une plainte nominative, via son avocat, contre trois militant.e.s pour une action de boycott dans un magasin LIDL. Après auditions la plainte a été classée sans suite.
– En 2015 le BNVCA s’est porté partie civile lors du procès de la LDH contre deux porte paroles du comité BDS France Montpellier. Il était représenté par l’avocat David Mendel. Le procès qui a duré 2 ans et demi a été gagné en Appel le 7 févier 2017 par les deux porte parole de BDS France Montpellier.
– En 2017, Le BNVCA a déposé via son avocat une plainte contre 3 membres du comité BDS France Montpellier suite à une action d’appel au boycott d’un spectacle sponsorisé par le ministère de la culture israélien. Le BNVCA a tenté de faire valoir l’article 225 du code pénal (ci-dessous). Après auditions des 3 militant.e.s BDS le 28 août 2018 la plainte a été classée sans suite.
MAITRE DAVID MENDEL S’IMPLIQUE PERSONNELLEMENT POUR DEFENDRE L’ÉTAT ISRAELIEN EN DEPOSANT UNE PLAINTE NOMINATIVE POUR « MENACES CONTRE UN AVOCAT » CONTRE UN MILITANT BDS DE MONTPELLIER.
LE BNVCA SOUTIEN SON AVOCAT.
Lors d’une action de boycott dans un magasin LIDL, alors qu’un militant tenait à bout de bras un paquet de lingettes pour bébés et expliquait au micro les motifs pour lesquels il fallait boycotter les produits israéliens issus des colonies, Maître David M… qui se trouvait en tant que client à la caisse s’est mis à crier qu’il fallait acheter les produits israéliens tout en arrachant des mains du militant BDS le paquet de lingettes fabriqué dans une colonie israélienne de Palestine. Sous le regard étonné des client.e.s dont la plupart étaient d’accord pour boycotter, le militant BDS a expliqué que Maître David M… était l’avocat qui avait récemment plaidé pour une association pro-israélienne contre deux militant.e.s BDS… Maître David M… était tellement excité et criait avec tant de véhémence son soutien à Israël que l’agent de sécurité a été contraint de le raccompagner « gentiment » jusqu’à la sortie pour le calmer (ce que confirme le communiqué), laissant les militant.e.s terminer leur action dans le calme.
Voici la version intégrale et très instructive de l’incident relatée par le BNVCA :
Évidemment aucune « femme voilée » n’a désigné l’avocat du doigt et ni aucune « femme voilée » n’a dit à la fille de Maître David M… que son « papa était méchant ». Aucune personne du BNVCA n’étant présente sur les lieux il ne fait aucun doute que ces détails, inventés de toutes pièces, ont été fournis par Maître David M… qui a laissé libre cours à son imagination et ses fantasmes. Recourant aux clichés islamophobes sur « les femmes voilées » Maître David M… a révélé que son implication en tant qu’avocat du BNVCA n’était pas que professionnelle mais également dictée par une adhésion aux idées de cette association. Association dont l’activité est exclusivement vouée à interdire l’expression de la moindre critique et manifestation contre l’apartheid de l’État israélien, ses crimes de guerre et ses violations multiples du droit international et des droits humains dénoncés par des dizaines de résolutions de l’ONU et par les grandes ONG internationales des droits humains.
Maître David M… a effectivement déposée une plainte nominative contre un militant de BDS France Montpellier pour « Menaces contre un avocat ». Le militant a été – une fois de plus – auditionné par l’officier de police judiciaire en 2017 et la plainte classée sans suite.
Comment dans ces conditions, Maître David M… avocat du BNVCA et défenseur de l’État d’apartheid israélien pourrait-il se présenter comme un défenseur des libertés publiques ?
Par ailleurs n’y aurait t-il pas quelque danger à l’introniser dans cette posture ?