Sans coronavirus pour le moment, Gaza se prépare pour le pire

Si aucun cas de COVID-19 n’a encore été signalé, les autorités s’inquiètent car le virus pourrait avoir un impact dévastateur sur l’enclave sous blocus.

par Tareq Hajjaj

à Gaza, Territoire palestinien occupé

17 mars 2020

Des bénévoles palestiniens aspergent du désinfectant dans le camp de réfugiés al-Shati à Gaza le 16 mars 2020, dans le cadre d’une campagne pour arrêter l’épidémie du nouveau coronavirus (AFP)

Jusqu’à maintenant, la Bande de Gaza assiégée est restée indemne du nouveau coronavirus qui se répand dans le monde entier.

Mais alors que les autorités de l’enclave palestinienne côtière se préparent à contenir toute épidémie potentielle, de sérieuses questions ont surgi sur les risques et les implications d’un tel scénario.

Comme la Bande de Gaza a été soumis à un sévère blocus de la part d’Israël depuis près de 13 ans, la propagation du coronavirus — connu officiellement sous le nom de COVID-19 — est devenue un sujet de discussion pour beaucoup de Palestiniens, avec quelques plaisanteries sur le fait que le blocus les empêche d’y être exposés.

Mais étant donné la situation humanitaire déjà difficile et la haute densité de la population, une épidémie dans la Bande de Gaza pourrait s’avérer catastrophique, ont averti les responsables de la santé.

« Si le virus entre dans Gaza et s’y répand, ce sera hors de contrôle », a dit à Middle East Eye (MEE) le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, Majdi Thuhair, qui a expliqué que la pénurie sévère en ressources et en personnel rendrait presque impossible la gestion d’une épidémie.

« Nous n’avons pas assez d’unités de soins intensifs, de personnel ou de zones de quarantaine », a-t-il ajouté.

Le ministère de la Santé a averti à maintes reprises de la pénurie de médicaments et de matériel médical (MEE/Waleed Mosleh).

Le ministère de la Santé de Gaza a mis en place plusieurs politiques nouvelles pour empêcher le virus d’entrer sur le territoire.

Par ailleurs, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Iyad al-Bozom, a déclaré que 51 personnes arrivés à Gaza dimanche sont maintenues en quarantaine pour des raisons de santé publique.

Quiconque retournant de l’étranger dans le territoire palestinien doit maintenant se mettre en auto-quarantaine ou, dans le cas d’un retour d’un pays à haut-risque, sera placé dans un centre de quarantaine à Rafah, près du poste frontière avec l’Egypte.

Avec l’aide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère de la Santé a transformé une école de Rafah en centre de quarantaine, muni d’une unité de soins intensifs avec 36 lits pour des personnes infectées et 30 autres lits pour des patients présentant des symptômes légers, selon Thuhair.

Le ministère de la Santé a indiqué une pénurie de 45% des fournitures médicales à Gaza depuis le début du blocus israélien.

Thuhair a expliqué que même si l’OMS fournissait du matériel aux médecins de Gaza en anticipation des cas de coronavirus, ce n’était pas suffisant pour gérer une épidémie potentielle.

« [L’OMS] offre des appareils pour recueillir des prélèvements, mais pas pour les examiner », a-t-il dit. « Israël, par ailleurs, fournit à Gaza du matériel qui suffit seulement pour recueillir 200 prélèvements … Les prélèvements sont ensuite examinés à l’un des centres affiliés au ministère de la Santé, au Centre al-Remal à l’ouest de Gaza ».

La possibilité que le COVID-19 entre à Gaza serait devenu une source d’inquiétude même pour les forces israéliennes.

« Lancer une bouteille de gaz dans une pièce fermée »

Selon Haaretz, si la maladie devait frapper le territoire palestinien, la situation mettrait en avant la responsabilité d’Israël en tant que puissance occupante, comme cela est souligné dans le droit international, de soigner les Palestiniens, tant à Gaza qu’en Cisjordanie occupée.

Pour la deuxième semaine consécutive, toutes les écoles et toutes les universités de Gaza ont arrêté les cours, le ministère de l’Education lançant à la place des programmes en ligne pour que les élèves et les étudiants poursuivent leurs études.

L’inquiétude publique est extrêmement élevée dans la mesure où les Palestiniens de Gaza sont déjà confrontés à une sérieuse crise de pollution, plus de 90% de l’eau dans l’enclave n’étant pas potable et les Nations Unies ayant prévenu que Gaza serait invivable dès 2020.

«  Et si nous restons à la maison et sommes infectés par l’eau du robinet », dit à MEE Iman Hamed, une femme au foyer mère de six enfants. « Si le virus entre à Gaza, ce sera comme lancer une bouteille de gaz dans une pièce fermée — tout le monde à l’intérieur le respirera ».

Haned a ajouté que « si l’infection ne veut pas partout dire la mort, à Gaza ce serait le cas — les ressources médicales sont très faibles ».

Elle a peur et croit que la meilleure façon de protéger ses enfants est de les garder à la maison jusqu’à ce que la situation soit plus claire.

« Je perdrai foi en tout si l’un de mes enfants est infecté et que personne ne puisse les aider, simplement parce que nous sommes à Gaza, l’endroit assiégé », a-t-elle dit.

 

 

Trad. CG pour Campagne BDS France Montpellier

 

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